Speedbass c’est quoi? Comme je me suis retrouvé un peu impliqué dans la formation de cette sous-sous-culture, c’est de fait une question à laquelle j’ai été obligé de répondre.
Très grossièrement on va définir la chose de la manière suivante: « C’est rapide et y’a de la basse » et pour situer le contexte, je rajouterais que la speedbass est post-rave, post-techno, post-early breakcore, post-tout-ce-qui-a-été-produit-dans-les-annees-90, pre-ADSL, pre-weblogs, pre-webzines. Si je dois penser à la speedbass, la première image qui me vient c’est celle de l’interface de winamp sous windows 98 jouant un morceau d’une minute fait à l’arrache sur fruity.
Le mot est apparu sur la côte ouest des Etats-unis, probablement à San Francisco, vers 1998, sous l’impulsion d’un artiste touche-à-tout connu sous le nom de Terbo Ted.
Il a eu idée d’un concept, où il rassemblerais sur un site des morceaux répondant à quelques critères précis: d’abord on l’a dit ce serais une zik speed où l’accent serais mis sur la basse donc rien en dessous de 200 bpm. Ensuite les morceaux seraient courts: 1 à 2 minutes, comme ça on pourrais les télécharger plus vite. Les morceaux speedbass seraient fait uniquement sur ordi, pas de hardware, à une époque où les platines vinyles se vendaient mieux que les guitares, l’arme ultime du speedbasseux serais le laptop.
On entendait dire que certains speedbasseux n’avaient pas d’ordi à eux, qu’ils se rendaient dans un internet café où ils louaient une bécane, choppaient des samples sur le net et en faisant un morceau qu’ils uploadaient dans la foulée avant de repartir chez eux.
En gros c’était une sorte de proto-netlabel avec une ligne directrice comme un label mais un format de release affranchi des formats disques.
A l’époque j’étais encore vaguement dans un délire free-party/teknival, avec d’autres potes on essayait de produire des morceaux qui un jour pourraient échouer sur vinyl, le tout avec plus ou moins de succès. Certains patrons de labels nous avaient brieffé sur les procédures à respecter si on voulais que nos morceaux finissent par être entendus sur un sound system :
« Faut des morceaux de 5 minutes, comme ça on peut en mettre 2 par face. Faut au moins un morceau qui retourne le dancefloor à coup sur, ça aidera à écouler les 1000 copies, du coup c’est pas grave si les autres morceaux sont injouables. C’est le seul moyen qu’on a trouvé pour vendre de la musique expérimentale dans ce business ».
Des contraintes dont j’avais du mal à m’accommoder.
Puis mon pote LMS m’a fait écouté les morceaux speedbass: « Tu vois c’est pas dur, vu que ç’est des morceaux de deux minutes, je le torche dans la journée» Voilà des contraintes qui me semblaient nettement plus intéressantes, donc je m’y suis mis.
Vers 2000, Terbo Ted a décidé de fermer speedbass.com donc on est rentré dans l’ère post-speedbass.
LMS a ouvert speedbass.net qui, dans les grandes lignes, reprenais le concept d’origine. Une nouvelle génération de speedbasseux est venue contribué au site, notamment des gens qui fréquentaient d’autres forums un peu dans le même délire que le notre, comme widerstand ou c8. On engrenait aussi les gens via soulseek. Le son des morceaux mis en ligne s’est vachement breakcorisé à ce moment là.
Puis avec l’arrivée du web2.0, les myspace et les soundcloud, le nombre de contributions a chuté et LMS a fini par fermer le forum y’a 2 ans.
Les morceaux de ce mix datent quasiment tous du début de la fin des 90’s à quelques exceptions près.
Vous pouvez les retrouver ici:
http://www.speedbass.net/